florent1968

Le travail n'est pas assez valorisé (24/08/2012)

Certains vous dirons que le travail coute trop cher,

http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/social/emploi/221151584/pourquoi-travail-coute-trop-cher-france  

moi je dis plutôt qu'il n'est pas assez valorisé.

http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/politique-economique/221151673/travail-nest-assez-valorise


 

LE CERCLE. Mr Laurent Cappelletti a publié un article mettant en avant le fait que le travail coute trop cher en France. Même si tout ce qu'il dit est vérifiable, il faut cependant cesser d'avoir pour seul variable d'ajustement le cout du travail. Le principale problème dans notre pays, c'est que le travail n'est pas assez valorisé ! Il coute toujours trop cher. Quand à l'ouvrier... il faut le solder !

 Lorsqu'une entreprise décide de s'installer, qui dans un pays, qui dans une région , département ou une ville, bien sur elle prendra en considération le cout de la main d'oeuvre. Ainsi lorsque Renault a décidé de lancer les études pour la production de la Dacia haut de gamme qui va arriver sur nos marchés, avait elle le choix entre la produire en Roumanie, où elle est déjà implantée, et dans un autre pays. La deuxième hypothèse (le Maroc) a été retenue, sans doute parce que en dehors de la main d'oeuvre qui y est moins chère, les avantages fiscaux qui lui ont été proposés y sont plus intéressants.

La voiture qui va être produite est une automobile qui dégagera peu de marges. Il faut donc réduire les couts au maximum. Tous les couts. Pas seulement les couts de main d'oeuvre. Les couts de location, les couts de taxe professionnelle, de taxe foncière, les couts de transports etc etc bref tous les couts qui rentrent dans la production du produit.

Bien sur il est hors de question de comparer la France au Maroc, mais faisons une comparaison simple avec les pays que nous appellerons à maturité.

Nous pouvons nous mettre d'accord sur le fait que la France a connu, comme certains pays aujourd'hui, sa période de forte croissance, durant ce qu'il est convenu d'appeler les "30 glorieuses".

A ce stade, une remarque : Si le cout horaire de la France pourrait, a priori comme le souligne Mr Laurent Cappelletti, poser problème, puisque l'industrie allemande est positionée sur des créneaux plus haut que l'industrie française, de l'industrie, il doit en fait être pondérer en fonction du secteur d'activité.

Ainsi le cout horaire de la France ne pose aucun problème dans les secteurs du luxe tels que l'hôtellerie 4 ou 5 étoiles mais aussi dans d'autres secteurs tels que tels que la joaillerie, la bijouterie, la haute-couture, le tourisme bien sûr... tous ces secteurs qui permettent chaque année à la France d'avoir une balance commerciale moins déficitaire.

En résumé l'automobile allemande c'est son tourisme et même son luxe. Il n'est donc pas question , plus question de prix
Nous consommateurs sommes prets à mettre le prix pour avoir ce que nous recherchons, ce que nous voulons.

Autant un consommateur sera pret à payer une suite trente voir quarante mille euros dans un palace français s'il obtient ce qu'il veut , autant un consommateur sera pret à payer 40.000, 50.000 € voir plus pour s'acheter la voiture allemande haut de gamme ! On pourra faire la même analyse pour les voiture de luxe italienne dont les ventes n'ont cessé de progresser durant ces 10 dernières années.

Nous sommes sur des marchés haut de gamme et surtout considérés comme tels. C'est à dire que la personne qui travaille sur ces marchés est valorisée.

En France même une simple femme de ménage sera heureuse de travailler pour un 5* quand bien même elle sera payée au minimum.
Par contre l'industrie a été dévalorisée durant ces dix dernières années.

L'ouvrier est sinon un pestiféré tout du moins une personne dont il faut se méfier, qui demande toujours trop, qui soit va faire grève soit va se mettre en grève, soit va demander une hausse. Il ne pourra jamais comme en Allemagne être considéré ,via le syndicat, comme un partenaire de la production qui à un instant T mérite un intéressement ou d'être informé de la situation de crise.

En France il ne faut surtout pas vouloir devenir ouvrier qualifier ou faire un bac pro. C'est ridicule.

Un cap pour après vous former en entreprise vous n'y pensez pas . Faire un diplôme en alternance alors... impossible, d'un coté ça coute cher, de l'autre on se fait exploiter.

 

C'est dans le mot un ouvrier... oeuvre !

En France si un ouvrier est reconnu dans l'artisanat c'est très loin d'être le cas dans l'industrie.

L'oeuvre de l'ouvrier n'est donc pas payée à sa juste valeur comme elle est dans l'industrie Allemagne pourtant pour faire un chef d'oeuvre (viaduc de Millau) il faut souvent des ouvriers.

En France ce n'est pas le travail qui coute trop cher, mais les charges , pas les charges sociales, celles que doit supporter l'ouvrier le salarié.
Ce sont ses charges (loyers, électricités, gaz, eau,assurance) qui se sont considérablement développées au cours de 20 dernières années qui font qu'aujourd'hui un ouvrier payé 1.200€ à Aulnay à un pouvoir d'achat moins élevé qu'un ouvrier payé 1.000 € à Berlin.

Je vais pour illustrer mon propos prendre un exemple simple. D'après la synthèse sur les prélèvements fiscaux et sociaux en France et Allemagne faite en Mars 2011 par la cour des comptes, la France et l'Allemagne se trouvent dans des situations comparables.
Pourtant d'après l'étude régulière faites par KPMG sur le choix concurrentiel, il est nettement moins cher de fabriquer une voiture en France qu'en Allemagne.

Si l'Allemagne peut a certains moment baisser les salaires pour les remonter après ,chose qu'il est difficile voir impossible de faire chez nous, c'est pour une raison assez simple.

Depuis 40 ans l'Allemagne un taux de natalité de 0,5% inférieur au notre, ce qui a eu plusieurs conséquences:

Un allongement obligatoire de l'age de la retraite quand vous avez une population qui se réduit depuis 6 ans (voire plus).

Un marché de l'immobilier en stagnation depuis 20 ans donc des loyers attractifs quand en France il a augmenté de 100 à 150 % voir plus

Ainsi un salarié qui gagne 1000 € à Berlin peut il se loger en plein centre ville pour moins de 400 € et avoir accès au transport en commun chose qui est impensable à Aulnay. C'est possible en province et ça se reflète dans l'étude de KPMG où en 3eme position nous retrouvons Marseille .

Il faut donc beaucoup plus que le travail, faire comme en Allemagne. Penser à avoir une politique qui permette à une majorité de personnes de se loger près de leur lieu travail sans que leur salaire n'augmente. Avoir une politique du logement également tournée vers les étudiants de telle sorte que le logement ne représente plus une bulle spéculative mais un placement à long terme et qu'il soit plus intéressant de placer les capitaux dans des entreprises qui vous assureront un taux de rendement de 5% que dans de l'immobilier ancien.

Le défi est là. Il comprend bien sur, la mise en place de moyens de transports tels que des tram, bus , train de ville importants de façon à ce que le déplacement revienne le moins cher possible à l'employé mais aussi pour l'employeur.

Evidemment ça n'est pas donné et tout le monde se doit de participer à cet effort chose que certains avaient oublié ces derniers temps.



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