Lettre de J-C Carré au Monsieur le Colonel Treillard , le 29 décembre1916 (12/11/2014)
Cette lettre de Jean Corentin Carré est exposée à La Ferme de Viry-Châtillon (face à la Mairie) jusqu'au 15 Novembre dans le cadre de l'exposition intitulée
« La Grande Guerre par l’image :timbres, cartes postales et autres archives"
Entrée libre du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 14 h à 18h
Le Samedi de 10h à 18 h
Quand on dit aujourd'hui que les jeunes font des bétises , à l'époque ce gamin de 14 ans quitte ces parents et s'engage sous une fausse identité.
Il mourra à 18 ans le 19 mars 1918 et deviendra un exemple
http://www.college-jccarre-lefaouet.ac-rennes.fr/spip.php...
Au plaisir de vous voir
le 29 décembre 1916
Mon colonel,
Je vous prie de m’excuser de ne pas employer la voie hiérarchique pour vous écrire, c’est à titre personnel que je m’adresse à vous. Mon identité à votre régiment est : Sergent Duthoy Auguste, né à Rumigny (Ardennes) le 10 avril 1897, engagé pour la durée de la guerre, à Pau, le 27 avril 1915 et cité à l’ordre du corps d’armée le 27 novembre dernier.
Cette identité est fausse : Mon nom est Carré jean. Je suis né à Le Faouët (Morbihan), le 9 janvier 1900, je suis donc de la classe 20 et non de la classe 17.
Le 27 avril 1915, jour où je me suis engagé, j’avais 15 ans.
Il fallait avoir 17 ans au moins pour être accepté par le recrutement, je savais que les réfugiés des pays envahis pouvaient s’engager sans papier beaucoup d’entre eux n’en ayant pas ; alors j’ai inventé cette fausse identité que je porte depuis deux ans et ainsi réussi à venir au front pour faire mon devoir avec tous les soldats français.
Mon père et ma mère, paysans bretons ayant trois fils sous les drapeaux, se sont rendus à mes raisons et m’ont laissé libre. J’aurais 17 ans le 9 janvier prochain. C’est pourquoi je vous écris pour vous demander, s’il ne serait pas possible, ayant l’âge réglementaire, de reprendre mon véritable nom. J’ose m’adresser à vous parce que s’il n’était pas possible de changer d’identité sans quitter le front, je préférerais rester ardennais jusqu’à la fin de la guerre, et sans que mes chefs directs sachent la vérité. Je ne suis pas plus patriote qu’un autre ; mais je considère qu’un français, lorsqu’il est assez fort pour faire un soldat, est un lâche s’il reste à l’arrière.
Encore une fois je vous prie de m’excuser de ne pas employer la voie hiérarchique et vous demande d'être assez aimable de me répondre directement.
Mon Colonel, je suis sous vos ordres, le serviteur de la France
Duthoy, sergent 410 Régiment d'infanterie, 9ème compagnie.
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