florent1968

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28/10/2007

SAVOIR C'EST SE SOUVENIR

Max Gallo bizaremment muet durant toute la polémique sur Guy Moquet avait lu un texte rendant hommage aux resistants et jeunes patriotes morts pour la France dans la nuit du 16 au 17 août 1944.
Si Nicolas Sarkozy venait a decider que cette date serait une date de congés remplaçant le 15 aôut, personnellement je n'en serait pas le moins géné du monde.
La France s'inscrirait beaucoup plus dans la laïcité, rendrait hommage à ses Fils qui comme le souligne très bien Max Gallo sont issus de toutes catégories sociales, religieuses, et politiques !



Hommage aux jeunes patriotes massacrés dans la nuit du 16 au 17 août 1944.

Monsieur le Président de la République,

Mesdames, Messieurs,

Ici, dans ce bois de Boulogne, ce lieu de quiétude, 35 jeunes français ont été abattus, assassinés est le mot juste, dans la nuit du 16 au 17 août 1944, une semaine avant la Libération de Paris. Les troupes d’occupation, leurs polices, et les traîtres français à leur solde, après avoir tendu un guet-apens, les ont mitraillés ici, et achevés ici, à coups de grenades.

L’agonie de ces héros fut longue. Au matin certains corps étaient encore chauds.

Il faut dire les noms de ces 35 martyres, dont la plupart avait moins de 25 ans.
Cela ne prendra qu’un instant alors qu’il s’agit – il faut s’en souvenir – de l’éternité de souffrance et d’espoir que représente chaque vie et d’une éternité de douleurs pour ceux qui aimaient ces jeunes patriotes.
Ils se nommaient donc :

François BELLANGER
Jacques BERNARD et son frère
Roger BERNARD, 24 et 20 ans.
Charles BIRETTE
Pierre BEZET
Henri BLANCHET
Paul BOUCHAILLOT
Claude BOUVELLE
Robert CHALARD
Raymond COUNIL
Jacques DELPORTE
Jean DESFARGES
Marcel DOURET
Jean-Pierre DUDRAISIL-ELIE
René FAUGERAS
Bernard GANTE
John GAY
Maurice GUILBERT
Guy HEMERY
Franck HEMON
Michel-Henri HUCHARD
Georges LORIOZ
Robert MAGISSON
Jacques RESTIGNAT
Pierre ROUILLON
Pierre SARRABEYROUSSE
Jacques SCHKOSSER
Arthur de SMET
Maurice THIBAIRENCQ
Georges TRAPLETTI
Luigi VANNINI
Roland VERDEAUX
Gabriel VERDIER
Jean VERON
Pierre WECZERKA

Nommer ainsi ces patriotes ce n’est pas seulement un devoir de reconnaissance.
Il est de droit. « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie / Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie / Entre les plus beaux noms leurs noms sont les plus beaux » a dit Victor Hugo.
Mais en vérité ces noms ne sont pas enfouis dans l’Histoire et nous ne les rappelons pas ici dans un rituel conventionnel de commémoration. Ces trente cinq héros sont notre présent.

Ils nous disent le courage et l’esprit de sacrifice de la jeunesse quand l’idéal et l’élan, l’amour de la nation la soulèvent.

Ils nous disent la diversité française capable de se rassembler dans l’unité nationale quand la nécessité fait loi.

Ces 35 héros ne sont pas les représentants de telle ou telle classe sociale, de telle ou telle formation de la Résistance, rattachée à telle ou telle sensibilité politique. Il y a parmi eux des étudiants, un boulanger, un boucher, un mécanicien, des cheminots, un manœuvre, un médecin, un employé, des gardiens de la paix, un instituteur. Ils viennent de la banlieue, de Chelles et de Draveil, et du XIIIème arrondissement de Paris.

Ils appartiennent aux Forces Françaises de l’Intérieur, aux Francs-Tireurs et Partisans Français, à l’Organisation Civile et Militaire, aux Jeunes Chrétiens Combattants. Ils ont des origines sociales et des sensibilités politiques différentes. Mais leur but est commun : faire que la France soit libre et souveraine, que son peuple soit maître de son destin. Ils sont tombés ici pour cela.

Et si nous sommes ici, au terme d’une confrontation républicaine et démocratique, c’est aussi à eux que nous le devons. Ils sont l’incarnation de l’âme de la nation qui construit son unité à partir de la diversité. Le patriotisme français naît de l’amalgame des différences.

C’est pour affirmer ces valeurs, cette histoire, que ces 35 jeunes français voulaient des armes pour se battre. Les combats pour la libération de Paris s’annonçaient. Les cheminots, les gendarmes, les policiers étaient en grève. La 2ème DB du général Leclerc était à Orléans et à Chartres. Ces 35 patriotes étaient résolus, impatients, peut-être imprudents. Un traître leur a proposé les armes qu’ils désiraient. Et ils sont tombés dans le piège tendu par les agents français de la Gestapo.

Il faut rappeler ces faits. Il y a eu en effet des Français prêts à dénoncer, à torturer, à massacrer. Il faut le dire parce que c’est la réalité. Mais une fois qu’elle est dite, il faut la mettre à sa place, toute sa place, rien que sa place. Car elle n’est que l’ombre inéluctable qui n’existe que parce qu’il y a la lumière. Voilà la vérité.

Alors, aujourd’hui, l’Histoire qui ne dissimule rien doit d’abord expliquer et faire partager l’engagement héroïque de ces 35 jeunes français assassinés ici. Ils sont morts dans la nuit, sans connaître la joie de la liberté reconquise, sans entendre le général de Gaulle s’écrier la voix traversée par l’émotion : « Paris, Paris outragé, Paris brisé, mais Paris libéré par lui-même, par son peuple… »

Ils étaient ce peuple. Ils sont ce peuple.

Monsieur le Président de la République,

Vous avez choisi ce lieu à l’orée de votre présidence. Je crois que nous devons vous en être reconnaissant. Car ce lieu sacré vaut engagement. Ces martyrs et votre présence ici, témoignent que, comme le proclamait le général de Gaulle :

"Dans le mouvement incessant du monde, toutes les doctrines, toutes les écoles, toutes les révoltes n’ont qu’un temps… Mais la France ne passera pas."