florent1968

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19/05/2008

SEGOLENE ROYAL SUR RTL

Ségolène Royal : Bonjour

Les enseignants étaient assez nombreux, hier, dans les rues de Paris pour manifester. Etes-vous favorable, Ségolène Royal, à un service d'accueil des élèves, les jours de grève dans l'Education nationale ?

Je pense que tous les élèves doivent être accueillis à l'école.

Donc, vous êtes favorable à ce qu'a demandé Nicolas Sarkozy ?

Non, pas tout à fait parce que ce qui m'a choqué dans cette façon de faire, c'est la forme de marketing politique - c'est-à-dire à un moment où des dizaines de milliers de personnes étaient dans les rues, j'ai moi-même participé à la manifestation à Poitiers où les gens étaient très, très nombreux puisque nous avons quarante classes fermées dans la région, plus de 200 postes supprimés, 75 filières de formation qui sont supprimées, donc des jeunes, des parents d'élèves, des enseignants extrêmement inquiets - et le problème de fond, quel est-il ?

Non, non sur le fond, vous êtes d'accord sur le service d'accueil des enfants, le jour, soient accueillis ?

Je veux que tous les enfants soient accueillis dans l'école de la république.

Donc, il faut trouver une solution.

Donc, il faut trouver une solution. Mais qui est responsable de la grève ? C'est quand même ça qui est très important, aujourd'hui. Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?

Mais peu importe s'il faut trouver un accueil, une solution pour l'accueil des enfants ? C'était ça la question.

Jean-Michel Aphatie, là vous me posez une question qui concerne des...

Oui, l'accueil des enfants.

... des millions de Français : les familles, les enseignants et les élèves. Donc, laissez-moi deux secondes, si vous voulez, pour expliquer : qu'est-ce qui est en train de se passer ? Pourquoi y a-t-il cette colère ? Pourquoi y a-t-il cette frustration ? Pourquoi y a-t-il cette exaspération ? C'est parce qu'à un moment où le pouvoir d'achat est gravement en diminution, les Français sont farouchement attachés au bon fonctionnement des services publics.

Vous savez, Jean-Michel Aphatie, lorsque les pays du nord de l'Europe ont connu de grosses difficultés budgétaires -puisque c'est ça l'enjeu, c'est de savoir : ou on fait des économies pour résorber les déficits de l'Etat - lorsqu'il y a eu ce problème dans les pays du nord de l'Europe dans les années 90, il y a une chose à laquelle ces pays n'ont pas touché, c'est l'Education, c'est la Recherche et c'est l'Innovation ; et ils ont réussi à rétablir leurs finances publiques. Moi, je dis, aujourd'hui, qu'il n'est pas bon pour un pays d'en rabattre sur l'Education et surtout de cette façon-là.

Et la deuxième observation que je voudrais faire c'est qu'à un moment où Nicolas Sarkozy, où le pouvoir en place a essayé de faire diversion - il sait bien que les Français veulent que leurs enfants soient accueillis à l'école - et plutôt que de répondre au problème de fond de l'Education et au problème de fond qui consiste à se demander : comment est-ce que l'on fait, aujourd'hui, en France, des réformes qui soient acceptées par tous, qui ne soient pas faites contre les gens, mais qui soient faites avec eux pour à la fois, en effet, diminuer la dette publique mais en même temps améliorer le service rendu aux usagers, ça c'est la responsabilité des dirigeants. Je ne dis pas que les problèmes sont faciles mais je dis qu'aujourd'hui, les méthodes sont inadmissibles et le fond qui consiste à toucher au potentiel éducatif de la France n'est pas bon.

Quelle est votre solution pour l'accueil à l'école des enfants, les jours de grève, Ségolène Royal ?

Mais écoutez, elle est comme dans tous les autres secteurs : chaque fois qu'il y a un conflit social, il faut négocier avec les partenaires, avec les parents...

Mais qui doit accueillir les enfants ? Les communes ?

Les communes peuvent accueillir les enfants à condition que l'Etat assume ses responsabilités financières parce qu'en voilà assez, et j'en sais quelque chose en tant que présidente de région, que l'Etat transfère sur les collectivités territoriales ses responsabilités et qu'ensuite, il dénonce ces mêmes collectivités territoriales qui sont obligés de faire de la fiscalité, donc nous essayons de gérer au mieux... Vous savez, les élus socialistes qui sont à la tête des régions, des départements ou des mairies, veulent maîtriser la pression fiscale, ne pas augmenter l'impôt, rendre le meilleur service aux usagers mais il faut que l'Etat et le gouvernement assument ses responsabilités.

Pourquoi avez-vous décidé d'être candidate à la tête du Parti socialiste, Ségolène Royal ?

Je ne l'ai pas dit de cette façon-là ; mais en même temps, je l'ai dit très clairement : oui...

"Je suis prête à assumer avec joie et détermination cette belle mission de chef du Parti socialiste".

Si les militants en décident ainsi...

Oui, pourquoi avez-vous décidé d'être candidate ?

... et si les orientations politiques que je présenterai avec toute une équipe lors du congrès, recueillent un vote significatif.

Pourquoi avez-vous décidé d'être candidate ?

Je l'ai fait par transparence, par sincérité, par clarté, par cohérence.

Qu'est-ce que vous pensez pouvoir apporter à ce Parti socialiste ?

Je pense qu'aujourd'hui, le monde a changé et que le Parti socialiste doit changer, que les socialistes doivent changer pour répondre aux nouveaux défis du temps présent. Et je crois qu'il est très important - puisque les Français nous écoutent là sur RTL - qu'ils comprennent qu'il y a un lien entre le congrès du Parti socialiste qui est finalement un débat politique de fond qui doit pouvoir démontrer qu'une autre politique est possible pour répondre aux problèmes qui se posent aujourd'hui.

Regardez, la France est aujourd'hui plongée dans un certain nombre de conflits sociaux. Il y a le conflit des pêcheurs. Il y a le conflit de l'Education, vous venez de le dire. Il y a prochainement une manifestation des retraités. Il y a des déséquilibres à l'Assemblée nationale, puisque le gouvernement a décidé de passer outre le vote de l'Assemblée sur la question des OGM. Donc, il y a des questions environnementales majeures. Sur tous ces sujets-là, les socialistes doivent prouver et montrer qu'une autre politique est possible. Et c'est ce qui sera enjeu dans ce congrès.

Et vous pensez pouvoir, vous, représenter le Parti Socialiste dans tous ces débats-là ? Mieux que d'autres ?

Non,pas mieux que d'autres. Ca, c'est les militants qui en décideront. Vous savez, moi je suis parfaitement sereine.

Oui, mais vous, vous pensez avoir les qualités pour diriger le Parti socialiste et permettre de faire face à ces débats ?

J'ai beaucoup réfléchi avant de dire une chose comme celle-ci. J'ai réfléchi aussi avec ceux qui m'entourent, les équipes. Il y a aujourd'hui 25 secrétaires fédéraux. C'est quoi les premiers secrétaires fédéraux ? C'est important parce que les auditeurs ne sont pas forcément informés de ce qui se passe à l'intérieur du parti. Je crois aussi que les Français n'ont pas forcément compris le calendrier. Tout cela ne se passe qu'au mois de novembre. Donc, il y a encore beaucoup de travail à faire. Des clarifications politiques à apporter. Et je pense, en effet, qu'avec une équipe et dans le cadre d'un débat utile et serein comme je le dis sur le site qui est ouvert. D'ailleurs j'invite tous ceux qui veulent contribuer et participer aux idées neuves, y compris à la façon dont nous devons concevoir une nouvelle force politique par rapport aux défis du temps présent à venir contribuer à apporter leurs idées sur ce site ainsi que sur le site désirs avenirs. Il y a déjà plusieurs milliers...

Voilà...Un peu de pub !

Mais c'est une question de respect des militants, je crois. Ils n'ont pas été consultés depuis la fin de la campagne présidentielle et je pense qu'il faut aujourd'hui leur donner la parole pour qu'en effet, les contributions puis l'émotion, c'est un vocabulaire un peu là aussi qu'il faudrait expliquer...

Qu'avez-vous pensé, Ségolène Royal, du texte de Bertrand Delanoë : clarté, courage, créativité pour un grand congrès du Parti socialiste ? Vous avez lu ce texte ? Qu'en avez-vous pensé ?

Ecoutez, au moins ce texte qui a été signé par Bertrand Delanoë et par Lionel Jospin d'ailleurs, a le mérite de poser une question de fond.

Pourquoi le "par Lionel Jospin, d'ailleurs" ? Pourquoi la précision ?

Parce qu'il faut le dire aussi. Je crois que c'est...

C'est Bertrand Delanoë, Lionel Jospin sur un pied d'égalité, à votre avis ?

Parce que je crois que c'est une certaine conception de la politique que l'on retrouve...

Datée ? Passée ?

Non, parce que vous savez, vous n'entendrez jamais dans ma bouche quelque chose de désobligeant à l'égard de qui que ce soit.

C'est étonnant de vous entendre citer Lionel Jospin là... Moi je vous parle de Bertrand Delanoë !

C'est important que ça soit dit.

Pourquoi ? Pourquoi ?

Parce que je crois que c'est une identité politique et d'ailleurs qu'on retrouve dans ce texte. Et en particulier, il y a plusieurs lignes de différences, en effet, avec ce que j'ai pu dire ou ce que je défends avec un certain nombre d'autres responsables politiques et en particulier, il y a le débat sur la démocratie participative qui est posée.

Qui est critiquée dans ce texte.

Qui est très vivement critiquée dans ce texte. Or, je pense aujourd'hui et les conflits sociaux que nous venons d'évoquer le prouvent : la question démocratique est aujourd'hui une question majeure pour réussir les réformes politiques. Et c'est pour ça que j'ai choisi aussi cette démarche avec mes amis dans le cadre de la préparation du congrès parce que c'est une question de respect, c'est-à-dire que pour parler juste, il faut d'abord savoir écouter. Et puis, je pense qu'on ne gouverne pas un pays aujourd'hui comme il y a quelques années. Il y a une exigence démocratique très forte. D'ailleurs, si les citoyens sont si nombreux à descendre dans la rue, c'est aussi une exigence de comprendre les réformes, d'attendre des réformes qu'elles soient justes et efficaces. Et je vous invite à venir, Jean-Michel Aphatie, jusqu'à Poitiers... Ce n'est pas très loin.

Vous avez dit, Ségolène Royal... D'accord, je vais venir ! Promis.

Non, mais vous verrez (non, mais juste ça parce qu'il y a eu pas mal de débats sur cette question-là)... Vous verrez comment on peut aller aussi très loin dans la démocratie participative, y compris dans le budget participatif qui permet aux citoyens de décider de l'utilisation d'une partie de leurs impôts, par exemple.

Une question personnelle, Ségolène Royal. On vous a vu en photo "Paris Match", Florence... Vous priez devant un autel. Vous êtes croyante, Ségolène Royal ?

Je suis pour la laïcité et par conséquent, cette question-là est une question d'ordre privée, et je considère qu'on n'a pas à être pourchassée...

C'est une question gênante ? Embêtante ?

Non, pas du tout. Pas du tout...

Quand on est candidate à la tête du Parti socialiste, il ne faut pas faire part de ses convictions personnelles ?

Non, vous m'avez mal compris. La laïcité, c'est quoi ? C'est que les engagements privés relèvent de la vie privée et qu'il n'y a pas de mélange entre l'engagement public et les convictions ou les croyances religieuses.

Et d'ailleurs, je fais souvent référence à la façon dont se comportait le Général de Gaulle par rapport à cette question-là, lui-même qui était d'ailleurs croyant, qui était pratiquant, et qui - en public - n'exprimait jamais ni ses croyances, ni sa pratique religieuse parce qu'il faisait la part des choses entre son rôle de chef de l'Etat et l'incarnation d'une République laïque et ses croyances personnelles.

Écrit par clemenceau | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Actualité, Royal, Segolene, desird'avenir, Politique, PS, DSK | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! | | |

Commentaires

Ah, Aphatie, quel journaliste pugnace, n'hésitant pas à relancer, à reposer les questions, à couper la parole.....
Quel dommage qu'il ne soit pas ainsi quand il interroge les politiques de droite.

Écrit par : fréd | 20/05/2008

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